@Cassie Harris

Dès que tu as mis les pieds dans la bibliothèque, tu as su que cet endroit serait toujours particulier pour toi. A l’époque, tu y venais pour étudier, pour tenter d’en savoir le maximum sur ta nature mais surtout pour te cacher. Tu as toujours eu l’âme solitaire, Liv. Et même si tu vivais dans cette école, entouré de personnes qui peuvent te comprendre, tu portes en toi des blessures du passé invisible à l’œil nu. Des blessures que tu caches, des blessures que tu as choisi de mettre dans une boite au fond de ton cœur pour qu’elles ne te définissent plus mais tu n’oublies pas. Tu n’oublies pas le regard de tes parents effrayés de voir qu’ils avaient mis au monde un montre. Tu n’oublies pas ce sentiment d’abandon, cette impression de voir ton cœur se briser morceaux par morceaux quand tu comprends qu’ils ne reviendront pas, quand toi aussi, tu commences à douter de toi.  Alors même si tu souriais et que tu riais avec tes amis, dès que tu avais besoin de calme, tu venais te réfugier dans cette bibliothèque. Et quand l’occasion s’est présenté d’y rester, cela t’a semblé être une évidence. Une planque idéale. Aujourd’hui, comme souvent, tout est calme dans les allées, tu sais qu’il y a quelques étudiants en train de travailler sur les tables, d’autres travaillent sur les ordinateurs. Tout était calme jusqu’à ce qu’un grand bruit vienne briser le silence, soulevant le regard de ceux qui n’ont pas leurs écouteurs sur les oreilles et attirant ton attention. Naturellement, tu reconnais ce bruit et tu espères simplement que personne n’est en dessous de la pile qui vient de s’effondrer. En arrivant dans l’allée, tu vois la mine du coupable et sans y réfléchir, tu lui souriais. « Je te préviens, je ne range pas toute seule. » Tu te veux rassurante, devinant que tout cela n’est qu’un accident. Espérant que les livres n’ont pas souffert de la chute, certains exemplaires étant vieux ou rares.