and I'll be in denial for at least a little while.

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ft. @Annika Van Eijk & @Anton Van Eijk

tw : blessure et sang - soundtrack

Bras dessus bras dessous, un vendredi de janvier à l'air frigide, les sœurs Van Eijk sont de sortie à Nevermore. Le sourire ne déroge pas d'son visage, elle a tant rêvé de ce moment, le moment : la première sortie en boîte, au Black Cat. Gamine, elle avait toujours un arrière-goût de désillusion à chacun des évènements d'famille. Une nuance qui l'empêchait d'être investie aux moments, commune et peu traitable dans la maisonnée. Comment pouvaient-ils être une famille, soudée, nouée, sans la pièce manquante du schéma ? Elle est restée longtemps prisonnière de son univers, à hurler dans le vide, désireuse du jour ou les choses changeraient. Ce jour n'est jamais survenu à vrai dire mais elle s'est promise de  faire des efforts. Ça à toujours été Liesel et elle contre le monde. Contre vents et marrées ; malheur et désespoir, main dans la main, même face aux commérages désennuyés de ceux qui n'ont pas la moindre idée ; ceux qui n'ont pas connu la douleur.

Alors, ce soir, c'est à marquer au stylo indélébile sur le calendrier. Elle frétille, cancane d'un tout et d'un rien et elle est emprise de bonheur. Quelques jours plus tôt, elles étaient allées faire les boutiques et Annika était ressortie de là avec en mains quelques achats concluants. Dont ce qu'elle s'est accoutrée : une jupe noire mi cuisse ample ou la ligne s'arrête et recommence quelques centimètres plus bas celle des chaussettes remontées, noires également, avec un tricot manches longues couleur rougeâtre et juxtaposées à son torse un pendentif et quelques chaînes.  Sans oublier les traditionnelles baskets vieilles de quatre ans qui ne sont jamais omis de ses tenues. Vêtements excentriques dont elle n'a jamais vraiment eu l'habitude. En recherche perpétuelle d'elle-même. Liese c'est sa plus fidèle alliée. D'un seul de ses sourires et Nika se approuvée, apaisée.

« J'ai oublié d'te dire, l'autre jour, t'sais, je clique sur une de ces story snapchat et c'est écrit que beaucoup de femmes meurent d'un cancer des ovaires et.. » Elle retire son manteau et le place à l'endroit conçu. Elle s'empreint rapidement de l'ambiance chaleureuse et animée du pub. Des éclats de rire et de l'odeur imposante de l'alcool mélangé à la sueur. Animée, elle reprend de plus belle « et ça  disait que c'est principalement dû au fait que les femmes se font pas examiner. Et tu sais à quoi ça me fait penser ? Que je me suis jamais fait examiner, moi. Genre jamais. C'est grave tu penses ? J'sais pas, ça m'embê.. - »  Brusque interruption d'une situation qu'elle ne comprend pas tout à fait encore. Elle se sent perdre l'équilibre et dans sa chute, elle décerne très bien la qualité du comptoir de bois heurté son fragile petit nez. Un frisson de douleur lui parcoure le corps et elle ne tarde à sentir le liquide visqueux glisser le long de sa bouche jusqu'à son menton. Génial, ne peut-elle s'empêcher de penser, c'est clair qu'Liesel va faire des pieds et des mains pour rentrer maintenant. Hors de question. Toujours au sol, elle retourne sa tête et fait face à celui qui l'a bousculé, minuscule devant l'homme de marbre, ahurie. Il transpire littéralement l'alcool, fait certainement un mètre de plus qu'elle, deux en cette position, mais rien ne pourrait empêcher l'insouciante blonde de verbaliser son mécontentement.   « Mais t'es aveugle ou quoi ?  » Éternelle insoucieuse, elle reste plantée là, agressante de ses paroles, défiante de son regard.  Le sang qui coule. Elle n'à même pas eu le temps de commander son cocktail que ses illusions sont interrompues et ça, ça la fâche. Une soirée entre sœurs comme dans les films, c'est trop demander ?  

Il est là depuis un moment dans son coin à regarder ceux qui viennent et repartent. C’est un moment assez curieux pour celui qui se mélange parfois bien facilement aux autres comme d’autres fois beaucoup moins. C’est comme s’il était morose ce soir au Black Cat sans en connaitre la raison. Il ne le sait pas encore, peut-être que c’est comme ces impressions que quelque chose va arriver sans parvenir à mettre le doigt dessus parce qu’il est d’un coup beaucoup trop pessimiste pour une soirée normale ou la pleine lune est encore loin de l’être. Il s’approchera pas tant ce soir, ne fera pas son curieux de celles et ceux qui sont là face à lui à être en groupe et parfois pas du tout, comme lui à attendre un signe de ce destin taquin, peut-être, avant de se manifester. Il va rentrer aussi, pas trop dans l’ambiance de cette soirée pourtant plutôt chill, pas d’ennui à l’horizon pas même quand des normies et pas n’importe lesquelles entrent dans le bar. Il ne peut pas s’empêcher de jeter un regard dans leur direction, sans se dire qu’il serait bien qu’il se bouge un peu, qu’il profite encore de passer un moment avec elles tel l’inconnu qu’il est encore. Pour combien de temps ? C’est une question qui ne trouvera pas de réponse avant qu’elles ne comprennent qui il est et là il sait bien sur qu’il ne pourra pas s’échapper à nouveau, pas ici, pas pour créer un mélodrame qui viendra de toute façon. Il a des réponses à donner sur ce pourquoi, sur qui il est devenu aujourd’hui, pourquoi il est à Nevermore.

Il connait un peu mieux Annika parce qu’elle a choisi, d’entre toutes les universités des Etats-Unis, de travailler à Nevermore. Elle l’a aidé lors de ces crises de claustrophobie qui sont fort heureusement moins nombreuses que y’a quelques mois. Aller les voir ou partir, c’est une bonne question. A moins qu’il ne se contente de rester pour s’assurer que tout se passe bien et reparte ensuite au bout d’un moment. Il opte pour la troisième et si pour un moment il est curieux de voir un peu comment elles se comportent dans ce bar de personnes différentes d’elles, il est un moment trop pris dans ses introspections habituelles quand, malgré la musique forte, un son de chute et de chaise renversée par cette dernière le sort de ses pensées. Pendant un instant, il se surprend à croiser les doigts pour qu’elles ne soient pas la cible de soirées déjà trop arrosée. Il lève les yeux au ciel et maudit ce karma familial quand visiblement ce dernier n’est jamais de leur côté. Soirée entre sœurs qui ne doit pas forcément être écourtée. Il n’y a pas de dégâts, pas de blessures graves. Il s’agit simplement de gestes plus que malhabiles d’un gaillard qu’on pourrait penser tenir mieux à l’alcool si tôt dans la soirée. Il se lève, sort de cette sorte de planque non loin du bar où elles se trouvent pour s’approcher en prenant la trousse de secours que le barman lui tend. Gestes machinaux, ils ont l’habitude et ne veulent pas que la situation s’envenime l’un comme l’autres pour des raisons différentes. « J’dois dire que vous savez comment faire une entrée. » Et une sortie peut-être, mais pas forcément pour tout de suite. « Ce n’est rien Annika. » Il sait que s’il y a un problème, c’est elles qui seront mises dehors.

Il lui montre la trousse de secours, l’aide à se relever, alors que les chaises sont troquées par d’autres moins abîmées. « Tu sais que certains savent pas bien tenir même après deux verres. Il est désolé. » Il en est certain, regard à l’inconnu qui hoche avec hésitation de la tête. C’est mieux comme ça, la soirée peut continuer. Il salue brièvement Lies qu’il fait semblant de ne pas reconnaitre, c’est peut-être mieux ainsi.  @Annika Van Eijk  @Liesel van Eijk  

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ft. @Annika Van Eijk & @Anton Van Eijk

tw : sang.

Une sortie était bienvenue. Même nécessaire. Pas envie de tourner encore en rond, chez elle. Pas envie de ressasser encore et toujours, les mêmes discussions, les mêmes événements. Au moins, il y a Annika à la maison. Sa petite sœur la réconforte, lui met du baume au cœur – et puis, sa présence la rassure. Elle est heureuse qu’elle l’ait rejointe à Jericho, heureuse de s’y sentir un peu moins seule alors qu’elle connaît encore bien peu de monde. Annika y est devenue un repère, devenue son ancre. Surtout depuis la rupture avec Arthur, qui l’aiguillait en ville, y était un point d’attache. Une bonne raison de rester dans les parages. Jericho ne l’avait pas faite rêver, Liesel – elle n’était venue s’y installer que pour avoir accès à des loyers à peu près raisonnables, pas trop loin de son nouveau travail. Des opportunités de boulot, elle n’en avait pas des tonnes et ne pouvait pas se montrer capricieuse. Pas son genre, de toute façon. Elle était arrivée dans le coin, durant l’été, bientôt rejointe par sa cadette. Puis elle avait rencontré Arthur, qui lui avait rendu l’acclimatation, l’adaptation au coin, plus douces, plus simples. Mais c’est fini, désormais. C’est fini, le cœur est brisé, loin de se remettre. Cela prendra du temps. Il faut être patiente.

Dans ces moments-là, oui, Annika lui met du baume au cœur – plus qu’à l’accoutumée. Elle lui change les idées, et puis, ce soir, elle lui permet de sortir, aussi. Oui, c’était bienvenu. Liesel s’est laissé entraîner dans un bar, par sa cadette. C’est déjà bien, sans prise de tête. Pas trop compliqué. Pas trop de bruits, pas trop de fête, pas trop de monde, peut-être ? Elle n’avait pas retenu le nom, peut-être pas prêté attention. C’est quand les deux sœurs van Eijk débarquent, qu’elle lit le nom du bar sur l’enseigne, que les connexions se font. C’est le bar d’Arthur – elle se sent aussitôt sous tension. Elle n’est jamais venue, Liese. Arthur ne l’y avait pas spécialement encouragée, elle n’avait pas vraiment insisté. Maintenant, elle appréhende de l’y croiser. Ce n’est pas le moment. Peut-être devrait-elle proposer à Annika, d’aller ailleurs.
Elle la suit pourtant à l’intérieur. Aux aguets, elle cherche malgré elle du regard son ex. S’il est là, oui, elle partira. Sinon, elle pourrait rester, pourquoi pas ? Elle ne veut pas gâcher sa soirée avec sa sœur. Elle écoute peut-être d’une oreille les mots de cette dernière, un peu trop préoccupée par ses millions de pensées. L’imite, retirant son manteau. L’écoute lui parler de ses inquiétudes, concernant le cancer des ovaires, prête à lui conseiller de se faire examiner, tout de même. Mais Annika ne termine pas sa phrase, bousculée brutalement par un homme pas tout à fait clair, visiblement. De quoi réveiller Liese, tout de suite, voyant sa petite sœur tomber, se cogner le nez, saigner. De quoi la faire aussitôt paniquer. « Est-ce que ça va, Nika ? » demande-t-elle en se baissant pour l’aider à se relever. Sa voix trahit l’inquiétude, teintée de panique. Pourtant, il n’en faut pas plus à Annika pour interpeler l’homme, agacée, même pire que ça – elle jette un peu d’huile sur le feu. Liesel sait qu’elle va devoir calmer le jeu. Pourtant, c’est un jeune homme qui s’en mêle, qui surgit, s’approche d’elles. Apporte une trousse de secours donnée par le barman. Elle ne savait même pas, Liese, qu’ils en avaient derrière le comptoir. L’inconnu – qu’elle reconnaît tout de suite, pour l’avoir croisé des jours plus tôt – s’adresse directement à Annika, par son prénom. « Vous vous connaissez ? » ne peut-elle s’empêcher de demander, Liesel. De quoi accentuer ses soupçons, ses réflexions présentes dans son esprit depuis quelques temps – depuis l’autre fois, au fond. Quelques instants plus tard, voilà Annika installée sur une chaise, Liesel s’asseyant à proximité, laissant le jeune homme soigner sa sœur. Lui semble ne pas la remettre, ou bien faire comme si tel était le cas. « On devrait peut-être rentre après ça, Annika. » Liese reste fidèle à elle-même, aînée protectrice et maternelle qui continue de veiller sur elle, même du haut de ses vingt-et-un ans. C’est qu’elle est jeune encore, Nika, aux yeux de Liesel. Mais même à trente ou quarante ans, cela sera pareil, au fond.