this is not a goodbye.

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ft. @Anton Van Eijk

tw : abandon, fugue.

Le regard du loup-garou s'éternise une nouvelle fois sur le sac de sport en travers de sa tente quechua qu'il partage avec un autre membre de la meute. Il y a deux mois de cela, c'était l'odeur d'Anton qui se mariait avec la sienne, mais Tony s'était proposé pour parrainer un nouvel arrivant, alors ses nuits s'étaient étrangement allongées et ses pensées s'étaient rapidement rationalisées. De telle façon que l'envie, le désir, de revoir ses parents, sa famille toute entière, est devenue omniprésente dans son esprit, une fois le soir tombé, alors qu'il est allongé sur son matelas gonflable. Ce n'est pas une question de confort, ni même d'argent, deux choses dont il n'a jamais eu besoin de se soucier en Italie. Il s'agit de l'amour qu'il leur porte, encore plus vif et douloureux après cinq ans passés dans la nature, à cavaler et à vivre parmi ses semblables. Ils lui manquent, atrocement. Il regrette aussi, d'être parti sans réfléchir, sans avertir. Il psychote, se demande ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont dit, en s'apercevant de son absence. Non. De sa disparition. Et quand la réalité le frappe, c'est son cœur tout entier qui craque sous le coup. C'est son estomac qui s'en retourne presque.
Je peux pas rester.
Tony doit s'en aller et essayer de rattraper son ancienne vie qu'il a laissé en vrac, au moins pour remettre de l'ordre, être l'homme -le loup- d'honneur qu'il se doit d'être.
Pourtant, ses mains ralentissent à mesure qu'il fait son sac et un visage émerge de sa matière grise et vient la hanter sans qu'il ne puisse l'effacer. En vain. Tony se demande si c'est débile de vouloir le prévenir à tout prix. Ça se trouve, Anton s'en fout qu'il parte, qu'il reste ou qu'il se transforme en un crapaud baveux. Mais, bientôt, leurs moments passés ensemble lui remontent en tête et décident à sa place. Il ferme fébrilement son sac de sport et sort alors de sa tente dans le but de ne chasser qu'un seul homme : son ami, son repère, son ancre. Tout ça à la fois oui.
Tony ne met pas trop de temps à le trouver et, dès que ses prunelles brunes se posent sur la silhouette du jeune homme, sa gorge se serre irrémédiablement. Sa vue se trouble, et l'italien doit s'ordonner de se reprendre en charge pour briser la distance qui les sépare, pour pénétrer dans son espace vital, une fois encore. Une dernière fois ? — 'lut Anton. La salutation de la journée passée, Tony se retrouve comme un con à essayer de chercher ses mots, incapable de tourner ça bien. Il finit par capituler, le silence s'installant depuis plusieurs secondes entre eux. — Alors, ton coloc' t'en fait pas trop baver ? Le mien ronfle toujours., lâche-t-il avec un petit sourire, ses yeux se levant inexorablement vers le ciel, comme pour damner le loupiot. Quoi de mieux qu'un peu d'humour pour dédramatiser. — Mais bon, j'aurais plus à l'supporter très longtemps... Tony hésite, suspend sa phrase, entrouvre ses lèvres. Sans qu'aucun son ne sorte.
Pourquoi c'est dur comme ça ?

this is not a goodbye.

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ft. @Tony Farnese

tw : abandon, fugue.

Les habitudes ont le don d’être bousculées en vivant avec une meute. Une vie d’errance dans ces bois. Il ne regrette pas une seconde Anton d’avoir choisi de fuir y'a dix ans. S’il regarde en arrière, le gamin perdu dans les bois tâchant de trouver de l’aide et trouvant des proches d’une meute, l’aurait pas tenu une pleine lune sans les égorger vives ses sœurs qu’il tente peut-être encore bien de protéger de là où il est, du moins, ce qu’il pense. Mort, disparu, il ne peut pas bien leur faire de mal. Mais si cette absence a été difficile à vivre aujourd'hui, elle semble moins rude que ce changement de collocataire de tente, sans Tony le soir pour l’aider malgré lui à mieux dormir. Il ne le sait pas mais désormais il faudra qu’il s’y habitue et ce n’est pas une question de nouveaux venus dans la meute. Il râle un peu, le brun, n’est pas trop conscient de ce qu’il se trame juste à côté. Il a juste mal dormi mais ne le dira pas. Il ne dira pas qu’il voudrait que rien ne change mais c’est ainsi, il sait pertinemment que tout va changer d’un moment à l’autre. Ils ne pourront pas rester éternellement ainsi même si cela ne le dérangerait pas de vivre cette vie loin de la norme tant que c’est avec eux, tant que Tony est là.

Il s’en veut un peu de penser que Tony n’aurait pas de raison de partir, de retrouver l’Italie. Il y fait plus doux, la famille est présente, il a cette appartenance que lui ne retrouve que dans la meute. Alors oui, Il préfère penser qu’ils resteront, ne se doute pas que Tony partira et que quelques temps après ce sera son tour.

Il secoue légèrement la tête, ennuyé pour le moment plus qu’autre chose. Il ne pensait qu’il dormirait si mal une nuit sans lune, avec ce croissant caché dans les nuages. Il ne pensait pas qu’il aurait tant besoin de sa présence pour parvenir à fermer l’œil. « Hey Tony. » C’est étrange ce matin mais il l’ignore, ravi de le retrouver. Il a un sourire un peu amusé, fatigué. « Ah toi aussi t’as mal dormi. » Et bien pour pas lui dire, c’est raté. Voilà qu’il ne peut rien lui cacher maintenant. « Les ronfleurs auraient pu s'entraider. » Il opine du chef. C’est faux, son camarade de tente ne ronfle pas mais ça l’gène absolument pas de mentir ainsi. Raison futile ? Qu’à cela ne tienne. Mais de mentir ou pas la question n’est bientôt plus là quand la phrase ainsi balancée le rend confus. Les nouveaux s’intégreront bien assez vite et il ne veut mettre son pessimisme en avant en disant à voix haute qu’il part. Que Tony part. Il ne l’aide pas et le sait. « Qu’est-ce qu’il y a, il s’est passé quelque chose ? » Il sait pertinemment que ce n’est pas ça, ce qu’il se passe c’est dans la tête de Tony qu’il aimerait pouvoir soutenir tel un ami le ferait.

this is not a goodbye.

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ft. @Anton Van Eijk

tw : abandon, fugue.

Tony laisse ses pensées effleurer les tréfonds de son esprit, à la recherche des moments passés en compagnie d'Anton.
Pourquoi c'est dur comme ça ?
Il trouve une explication, se dit que c'est la bonne, que ce sont tous ces souvenirs qui lui mettent un bâton dans les roues à cet instant précis. Pas des sentiments d'adolescente en ébullition. Pas des émotions neu-neu. Juste des souvenirs. Des actions. Des choix. Tout ce qui a contribué à faire d'Anton un presque frère. C'en est pas un, les siens sont encore en Italie, en train de profiter de la fraicheur du Nord dans leur maison de compagne. Mais un frère de coeur, oui. Un bro, un vrai. Un meilleur pote, quoi.
Ça doit être ça.
Maintenant que le doute est balayé, que l'hésitation ne subsiste plus, Tony peut plus aisément faire face à l'adversité qui l'envahit alors qu'il tente de dire à Anton qu'il s'en va. Il DOIT s'en aller. Il le faut. Les Farnese était autrefois une famille soudée, loyale envers chaque membre. Rien ne pouvait perturber l'amour qu'ils portaient les uns les autres. Rien, même la soif de pouvoir et d'argent. Ils se serraient les coudes, car cela leur avait bien servi dans l'histoire de la famille. Alors, quand Tony est parti, c'est un bout de son cœur qui est resté là-bas. Maintenant, il doit aller le chercher pour se compléter, pour être heureux. Est-ce qu'Anton comprendra ? Il n'a pas vraiment le temps de se mettre à sa place, de se remémorer de sa famille à lui, qu'il sent que le brun se doute de quelque chose.
Sans blague, il est pas con.
Incapable de mentir sur son départ, l'adolescent a laissé la porte entrouverte, tout juste pour qu'Anton puisse s'y glisser et jeter un coup d'oeil. Apparemment, il fait encore trop sombre dans la salle pour ses desseins soient démasqués. Son pote a besoin d'aide pour comprendre le cheminement de ses pensées. — Non, il s'est rien passé de grave. Juste. Décidément, il n'y arrive pas. Il aurait du y penser plus tôt et préparer la catch phrase à larguer. Il bégaye et les mots viennent difficilement, son esprit tanguant autant que ses jambes qui se balancent d'un pied à l'autre. — J'y ai beaucoup réfléchi, et- je crois que- j'ai envie- non., s'embrouille-t-il inlassablement devant l'adolescent qui doit maintenant le prendre pour un fou.
Tu gâches tout, il comprend que dalle.
Ce serait con de se séparer sur un malentendu ou un quiproquo, alors Tony prend une inspiration et se lance enfin, en favorisant des phrases simples, pour ne rien manquer à son explication. — Mes parents me manquent. Mes frères aussi. J'arrête pas de penser à eux depuis que je contrôle un peu plus les transformations. Je veux pas qu'ils me pensent morts ou... disparus. Est-ce que tu peux comprendre Anton ? Est-ce que tu me pardonnes ? Parce qu'il sait que son acolyte a abandonné sa famille de la même façon. Parce qu'il a peur qu'Anton ne lui pardonne pas son choix.

this is not a goodbye.

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ft. @Tony Farnese

tw : abandon, fugue.

Il y a des moments que l’on ne voit pas venir, certains qui sont plutôt prévisibles et ceux qu’on espère qu’ils ne viendront jamais. S’il y a un entre deux avec les questions que l’on se pose, les et si jamais ? Anton préfère ne pas se les poser, c’est se compliquer la vie un peu même si elles viennent indéniablement, parfois comme ce matin quand c’est plutôt bizarre que Tony semble si stressé. Il a aucune raison de l’être. Quelque chose s’est passé et si rien de grave apriori, il y a quelque chose qui l’empêche d’être vraiment serein ici, avec eux, avec lui. C’est égoïste peut-être bien, mais il aurait souhaité qu’ils suffisent. C’est compliqué parce qu’il sait très bien qu’ils ont chacun.e des passés qu’ils n’ont pas partagés, pas toujours. C’est peut-être le moment parce qu’ils se posent toujours de ces questions sur ce passé houleux pour la plupart. Sinon ils ne seraient pas ici à l’écart plutôt, de la société, de leurs familles et leurs proches qui ont un jour compté, qui comptent toujours.

Il s’embrouille un peu Tony. C’est assez compliqué ce qu’il se passe la dedans, dans cette tête qui est la sienne pour que ça soit si difficile à dire ce qu’il redoute un peu Anton. C’est qu’il songe à partir et pourtant il ne songe pas un moment à lui faciliter les choses en le disant à sa place. C’est mieux qu’il dise comment il se sent non, il se sentira mieux après ? Peut-être.

Il hoche la tête quand il se montre attentif à ce qu’il lui dit, Tony. La famille c’est compliqué. Il sait qu’il devrait aller vers la sienne, de voir ce qu’il se passe pour eux de l’autre côté de l’atlantique mais ça fait loin, s’il part… il sait bien qu’il aurait pas forcément la force de les quitter une deuxième fois. Alors il est lâche peut-être mais il ne s’est posé que trop rarement la question de savoir si elles lui manquaient (c’est faux), de savoir s’il voulait vraiment un jour les revoir, partir. C’est plus proche de la vérité. Il se sent coupable un peu alors quand Tony continue, quand il joue avec les feuilles au sol comme pour le déconcentrer de ce qu’il se passe, ne pas se donner de trop à réfléchir à son tour. « Ca va mieux ? » Enfin une fois que c’est dit. Il tourne autour du pot, dit pas vraiment ce qu’il ressent sur ce départ qu’il redoute peut-être un peu plus que les autres s’il devait être franc. « J’peux pas vraiment t’empêcher de partir. » Il ne dit pas qu’il comprend, il devrait. « C’est courageux. Tu ne sais pas comment ils vont réagir. » Ceux qu’ils appelleront plus tard les normies ne comprennent pas toujours mais parfois oui. Il n’a jamais vraiment été très optimiste sur ce point la de leur dire la vérité. Chaque histoire est différente. Il n’a surement pas laissé sa famille avec la peur d’un loup ayant emmené/tué leur frère. Ils ne se sont jamais vraiment dit comment ça s’était passé, histoire qu’ils taisent. Qu’il garde le plus souvent pour lui. « C'est compliqué quand il s'agit de le dire à quelqu'un. » Il sait pas comment il ferait. « C'est compliqué de revenir après. » C'est ce qui l'inquiète, que chacun en viennent à décider de même, et même, lui. Qu'ils en viennent à ce départ sans certitude de se revoir.