L'après-midi bien entamée, 15h était passée lorsque l'estomac du djinn se mit à crier famine au beau milieu d'un entraînement d'escrime. Le fleuret délaissé et la quête à la pitance débutée. Il s'était instinctivement dirigé vers la cafeteria, lieu de prédilection de celui qui prenait plaisir à se faire servir. La porte à peine passée que déjà ses iris noisettes parcoururent la pièce à la recherche d'employés … Absents. «Misère, où vas le monde ?» se demanda le vieil être aigri. Seules deux formes de vies habitaient la pièce en cet instant précis, deux petites têtes blondes sur lequel son regard ne s'accrocha que quelques instants. La première était installée face à une plante aux petites fleures blanches, l'genre de bout d'verdure bonne à décorer les jardins de banlieues, l'genre à être planté par une grande rousse un peu coincé du cul, l'genre banale, affligeante, dénuée de tout intérêt. La seconde était penchée sur un carnet à dessin, un verre empli d'un liquide carmin gisait à son côté. Wiccane et vampire, à n'en point douter. Le géant égyptien contourna le deuxième individu, lançant un regard curieux par dessus son épaule pour apercevoir ce sur quoi il s'affairait. Jugement immédiat. Quoi que de ce dessin était supposé représenter, le talent du blond était nettement inférieur au sien. Le distributeur atteint en quelques enjambées, il en inspecta le contenu et soupira, lassé par cette effusion de sucre, il devrait redoublé d'effort pour brûler toutes ces calories qu'il s’apprêtait à ingérer. Il y inséra une pièce, tapa un premier code, puis un second, un fracas, puis un second, lui indiquèrent que son repas était désormais à sa disposition. Il se mit à genou et passa sa main dans la fente dont il extirpa une bouteille d'eau et une sachet de madeleine. Il venait à peine de se relever lorsque la jardinière se leva précipitamment, leur lança des mots qui lui semblèrent, sur l'instant, complètement dénué de sens avant de quitter le réfectoire. Il jeta tout de même un regard à cet arbuste qu'elle avait mentionné, par acquis de conscience, et voyant que rien n'arrivait, il haussa les épaules en se dirigeant vers la sortie tout en lâchant un : «Stupide petite sorcière.» Il n'était plus qu'à quelques pas de la sortie lorsqu'un étrange bruit se fit entendre. A peine eut-il le temps de se retourner que la plante s'était mit à croître à une vitesse impressionnante. Naïm avait beau d'ordinaire être plus qu'ennuyé par la botanique, il devait bien avouer que les effets de la ''connerie'' de la wiccane étaient plus qu'intéressants. Il leva la tête, observa les tiges se répandre sur le plafond de la cafeteria, ne prêta même pas attention aux racines qui venait d'en condamner les issues. Jamais de toute son illustre vie, le djinn n'avait été confronté à une telle situation. Il sentit un frisson parcourir son échine et ses lèvres s'étirer en un sourire malin. «Oh, Nevermore, c'est lorsque tu me fais ce genre de surprise que je me rappelle ô combien je t'aimes.» Longue phrase prononcée en un doux murmure, déclaration qui ne devait rester qu'entre lui et l'établissement. L'attention détournée, à son grand malheur, de cette excitante nouveauté par le vampire, dont il avait presque oublié l'existence. Masse blonde grognante et gesticulante, prisonnière de la plante amochée. Il pouvait entendre des gouttes de sèves s'écraser sur le sol carrelé. Sourire ravalé et soupir agacé. Pourquoi eut-il fallut qu'il soit là celui-là ? Lentement, Naïm ouvrit son paquet de madeleine, nouvellement acquis et en porta une à ses lèvres avant de s'approcher du trouble-fête. «Et moi qui pensais les vampires intelligents. Cesse dont de te débattre. Ne vois-tu dont pas que cela ne te mènera à rien ? Tu ne fais que t'enfoncer dans une situation qui est nettement plus inconfortable à voir qu'à vivre. Si tu tenais tant à vivre ce que vivent les protagonistes de hentai, tu aurais pu attendre d'être seul.» Voix sereine et visage clos, l'regard toisa l'étranger avant de caresser à nouveaux le plafond. «Au final, les normies demeurent exaspérant, qu'ils soient mortels ou non.»

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L'sourcil arqué, le djinn observa ce pathétique spectacle qui s'offrait à lui, celui d'un blondinet récalcitrant se débattant avec la ferveur d'un souriceau prisonnier des serres d'un rapace vorace, l'vit s'user les ratiches en essayant de grignoter les tiges qui l'entravaient tel un lapin nain se faisant les dents sur les barreaux d'une cage en titane inoxydable. Désolante humanité incapable d'écouter la voix de la raison, incapable d'écouter sa voix. «T'aider ?» répéta t-il songeur. Qu'avait-il à y gagner ? Le plaisir de ne plus entendre ses grognements intempestifs ? Un ruban adhésif plaqué sur la bouche de la désobligeante tête blonde aurait tout aussi bien pu faire l'affaire. Ou mieux. Il pourrait user de sa magie pour faire apparaître un poignard et mettre fin à son existence. Une succulente idée dont la simple caresse fit naître un sourire sur son visage. «Mais je t'ai déjà apporté mon aide. Si tu veux t'en sortir, tu n'as qu'à faire ce que je t'ai dis.» Le ton emprunt de tout le dédain du monde, le conseil donné pour ne pas avoir à expliquer les raisons de son trépas au directeur de l'établissement, pour ne pas avoir à essuyer les conséquences de la débâcle d'autrui, pour ne pas avoir à payer le prix de l'incompétence de ces élèves à l’espérance de vie réduite. L'eut le regard qui s'accrocha à nouveau au plafond de la cafétéria, détaillant les racines qui l'avait investi, il ne vit même pas la chute de son camarade, mais se douta en entendant le son produit par celle-ci qu'elle devait être plus que disgracieuse. Il porta une deuxième madeleine à ses lèvres, tout en observant sa nouvelle amie chlorophyllienne. «N'écoutes-tu jamais lorsque les autres te parlent ? La wiccane a commis une erreur. La croissance de son arbuste l'a dépassé et maintenant, cette salle lui sert de pot. Elle ne devrait pas tarder à revenir. Il suffit de l'attendre. Et dès qu'elle aura rectifier sa, je cite, ''connerie'', tu seras libre de la vider de son sang pour récupérer un peu de cette énergie que tu as stupidement dépensé. Autre chose, Lestrade?» Il tourna les talons sans écouter la moindre revendication de ce type trop idiot pour être un Watson, et se dirigea vers une des tables que les racines et branches avaient, par miracle, épargnée. Il y a déposa sa bouteille d'eau et son paquet de madeleine entamé avant de se laisser tomber sur une des assises, épuisé par la médiocrité de cet étranger avec lequel il était pourtant piégé. «Puis-je savoir ce qu'un élève fait avec une arme blanche à l'intérieur de Nevermore ? Les enseignants n'auraient-ils pas déjà du te la confisquer ?»

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