Le sang avait séché sur ses mains et ses coudes, son pull troué. Quelle idée de sortir en pleine hiver et surtout si peu couvert alors qu’il fonçait tête baissée sur sa moto. C’était juste histoire de sortir s’aérer et le pot d’échappement avait lâché après un nid de poule, le faisant légèrement dérapé, ça s’était pris dans les roues et avait arraché une partie de dessous, endommageant le moteur. Elle était vieille et elle en avait vu, surtout avec ce casse-cou là.
Il s’était extirpé et avant trainé la bécane hors de la route pour jeter un oeil. Il était en plein milieu de nulle part, entre Jericho et la prochaine ville, à flanc de montagne. Il adorait ses routes pour se vider la tête, il n’y avait pas grand monde, le décor était sympa et les virages qui lui donnait toujours plus envie de frôler la mort.
Impossible de la remettre sur pied ou de faire ronronner le moteur. Son casque quittait enfin sa tête pour venir être jeté par-terre avec rage et force. Il était foutu c’était sûr, tout comme sa moto. Ça l’emmerdait de la laisser là chercher des outils et encore plus de la trainer jusqu’en ville. Il tentait de se calmer et finir d’arracher ce qui pendait pour mieux le retaper et encore une fois, il perdit trop vite patience, sa clope au bec, entrain de s’acharner sur sa vieille amie à coup de pot d’échappement.
«
VA TE FAIRE FOUTRE SALOPE !!!! » rugissement ponctué de tintement sec et puissant de métal.
C’était un peu con car son pot d’échappement ne ressemblait plus à rien, sans parler de toutes les petites pièces qu’il avait fait voler dans son excès de violence. Elle allait encore moins marché alors qu’il y avait encore de l’espoir mais son manque de patience… Il s’était tiré une balle dans le pied.
Ça s’était fini par s’asseoir sur le bord de la route, se rouler un joint et se faire quelques lampées de Whisky anglais dans sa petite flache. Encore un truc volé ça — l’héritage qu’il s’était gardé de son ami lycan qui a ouvert le Black Cat, mort il y a deux ans. Putain de balle en argent… En pleine tête, ça ne pardonnait pas.
Il aurait du rester à Jericho ce con, c’est moi qu’aurait du aller régler ce truc au Texas. Et au loin le bruit d’un moteur, un véhicule arrivait, le seul depuis plus de deux heures, et Bane l’observait arriver, assis sur son cadavre de moto — en partie à cause de lui — trop défait déjà pour trouver la force de se lever et le héler. Il allait bêtement la regarder passer si elle passait son chemin, telle une vache ruminant en regardant les trains passer.
C’était une nouvelle tête de Jericho, il l’avait vu vaguement passé une ou deux fois. Cela se sentait tellement qu’il n’était pas d’ici, tout comme Bane dans le fond, il n’avait pas l’allure ni réellement la tête de personne ayant grandit ici. Tout sur sa tronche transpirait les sales quartiers d’une grande ville, que ce soit à ses tatouages où ses traits marqués, la gueule cassée.
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