carbure au café ● jurons 7/7j ● marijuana enthousiaste ● parle couramment espagnol et son japonais est plutôt basique ● oiseau de nuit ● peut dormir n’importe où, dans n’importe quelle position ● a grandi avec sailor moon, scooby doo et batman ● fait de l’urbex depuis son plus jeune âge ● a toujours son tamagotchi qu’elle avait petite ● ne se promène jamais sans sa corne de brume ● fan de true crime ● a un dogue allemand nommé Boo ● vêtements colorés et dépareillés ● 70% de sa garde-robe est composée de sweatshirts ● certains de ses vêtements contiennent des motifs amusants ● parle fort et avec les mains ● a la fâcheuse manie d’annoncer sa présence par un « bouh » et/ou une corne de brume auprès de son meilleur ami ● conduit un van ● cordon bleu en cuisine.

Et juste comme ça, sa mère a tourné les talons sans un regard en arrière. Son visage n’est plus qu’une brume insaisissable, se confond avec des milliers d’autres, perdu au milieu d’attributs changeants. Elle a oublié depuis, Tsugumi, les départs incessants, précipités, la fuite interminable de sa mère, peu importe leur nouveau lieu d’habitation.

Abandonnée dans la supérette du coin, sa mère s’était déjà volatilisée lorsque les autorités sont venues frapper à sa porte, et à seulement trois ans, Tsugumi était laissée aux mains des services sociaux, faute de moyen de contacter le reste de sa famille, si elle existait. Il n’y avait toujours eu que sa mère et elle jusque-là, mais même ce fait s’estompa de sa mémoire au fil des années. Elle ne voulait plus se rappeler de celle qui l’avait abandonnée, alors qu’elle avait trouvé une nouvelle famille aimante.

Adoptée par les Montoya, son caractère enflammé fût comme la dernière pièce du puzzle venant compléter cette fratrie de désormais quatre enfants. Son quotidien devint stable et bruyant, la plus grande bataille consistant à parvenir à récupérer la télécommande pour choisir le programme télé de la soirée.


Leur maison d’enfance saisie, la faute de ces factures qui s’empilaient ces derniers mois, depuis qu’Alejandro était en rémission. Ils finissent à la rue, vivent de refuge en refuge, élan de débrouillardise formé dans la fratrie pour maintenir l’illusion que tout va bien, pour ne pas être séparés par les services sociaux. Un appartement minuscule et miteux finalement trouvé, pas terrible, mais au moins ils ont à nouveau un toit sous leurs têtes. Et malgré cette sécurité, la peur de se retrouver à nouveau dans cette situation les frappe tous, Tsugumi, elle, développe surtout du dégoût envers le système qui autorise ça, davantage à cause de la peur que cela a fait pesé sur sa famille que pour celle qu’elle a ressenti elle-même. Côté justicière renforcé, c’est l’anarchisme qui lui ouvre grand les bras, éveil politique propulsé au premier plan de ses intérêts. Mais d’abord, il leur fallait tous mettre la main à la pâte, ramener de l’argent sur la table pour aider leurs parents à joindre les deux bouts. Son travail de prédilection devint le baby-sitting, officieusement elle trempe dans le vol à l’étalage et le piratage informatique.


(tw : meurtre)Les lumières bleues et rouges. Les menottes finalement aux poignets de Smith. Trop tard, une disparition, un meurtre trop tard. A chaque fois que ses paupières se fermaient, à travers la noirceur, elle se revoyait descendre dans la cave avec sa lampe torche et sa caméra, revoyait les plafond tapissé des photos de ses victimes, revoyait l’enfant, dans la baignoire remplie de son propre sang, une odeur acariâtre qui lui parvenait encore, qui continue de lui parvenir certaines nuits. Cache-cache d’Halloween qui avait tourné au cauchemar lorsqu’elle s’était introduite chez leur voisin policier, lorsqu’elle avait trouvé ce pull, étrangement familier. Avant que ça ne la frappe des jours plus tard : il était porté sur les affiches de ce gamin porté disparu, celles placardées dans le quartier où elle faisait du baby-sitting.

Smith avait de nombreuses photos dans son salon, affichées fièrement à la vue de tous, sa famille. Même après l’avoir mis derrière les barreaux, ce n’est que bien plus tard, bien après que l’histoire eut fait la une des journaux, que Tsugumi a appris que ces familles souriantes étaient celles de ses précédentes victimes. Des photos qu’elle avait vu tant de fois, sans s’y attarder davantage, sans comprendre les preuves juste sous ses yeux. Une réalité qui continuait de lui causer des sueurs froides, qui la poussa à nouveau vers le paranormal, moins monstrueux que l’horreur humaine, observée uniquement à travers des podcasts true crime. Quinze ans, se l’est jouée enquêtrice amatrice d’une situation qui dépassait de loin ses séances d’urbex dans les maisons abandonnées du coin.

Elle n’a jamais avoué à quel point cette histoire l’avait atteinte. Ses parents s’étaient déjà morfondus d’inquiétude, culpabilisaient assez de ne pas avoir réalisé ce qu’elle manigançait. Miguel et Leticia étaient encore furieux de son inconscience, encore plus qu’elle ait entraîné Alejandro dans son enquête. Se plonger à cœur perdu dans d’autres hobbies étaient une excuse pratique pour ne pas devoir gérer les séquelles de cette situation.  


Mais les mauvaises habitudes ont la vie dure, et lorsqu’elle remarque qu’un meurtre récent semble étouffé par les autorités locales, Tsugumi ne peut résister à sa curiosité débordante et commence à enquêter sur le sujet. Accompagnée de son fidèle Boo, chien errant qu'elle avait finit par recueillir, elle rassemble lentement mais sûrement des informations sur ce qu'il s'est passé, quand elle ne fait pas des séances de ouija avec son groupe d'amis.