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tempête sur jericho. du 2 au 4 avril, une tempête a fait rage sur la ville. Cet événement météorologique n'a pas été expliqué par les scientifiques. De nombreux bâtiments ont été abimés, des arbres ont été couchés sur la chaussée, certains habitants ont même été blessé. Une fois de plus la ville de Jericho fait face à un mystère !
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Falling With The Crowd

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Ario Corberó
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(#) Ven 10 Mar - 16:16    Falling With The Crowd

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tw : intimidation, brutalité.

C'est sans doute la troisième clope qu'il se grille depuis qu'il piétine, planqué derrière l'angle d'un mur. Syd a mal au crâne, l'angoisse le taraude depuis ces quelques nuits où il rôde comme une âme en peine dans les rues de Jericho. Il n'ose plus sortir de jour. La première fois qu'il a mis le nez dehors, le soleil lui a tellement piqué les yeux qu'il a cru qu'il allait flamber sur place, comme dans les films d'horreur. Sans doute qu'il devient parano mais qu'est-ce qu'il en sait, en vrai ? Rien du tout ! Quand cet horrible outcast l'a obligé à boire son sang, Syd a bien tenté de recracher, se débattant tant qu'il pouvait en s'étranglant à moitié. Il a même enfoncé ses doigts dans sa gorge, à son réveil, dans l'espoir de dégobiller sa malédiction, les larmes aux bords des yeux. A présent que la soif le dévore, il sent bien que tout est foutu, même s'il veut s'accrocher à l'illusion de trouver un remède miracle. La faiblesse le fait tanguer, il n'arrive pas à se sentir rassasié, en dépit de la malbouffe qu'il s'est forcé à ingurgiter, en rasant les murs. C'est que Syd évite tout le monde maintenant, capuche rabaissée sur son front, le visage dans l'ombre, les poings serrés.

Qu'est ce qu'il fout Johannes ? ça fait deux nuits qu'il le traque, sans se résoudre à l'aborder. Combien de messages a t-t il pianoté, de ses doigts nerveux, avant de les effacer ? L'écran fendu de son téléphone témoigne de sa rage. Il n'a jamais rien eu à dire à ce foutu nerd, en dehors d'un gros tas d'insultes et de menaces, alors même un simple "salut" lui parait complètement décalé. Pourtant, c'est bien la seule personne de son entourage qui pourrait l'aider dans le cas présent, aussi dingue que ça puisse paraître. Ainsi, dans le chaos de son désespoir, Syd s'est débrouillé pour le suivre, sans se faire voir, jusqu'à découvrir enfin où il crèche. Pas moyen de reporter ce coup ci, il s'est résigné à l'attendre devant l'immeuble jusqu'à ce que l'autre demeuré se pointe. Enfin, une silhouette s'annonce et Syd se fige, tête baissée, mâchoire crispée. Soufflant la fumée par le nez, il le surveille du coin de l’œil, son visage camouflé par la capuche de son hoodie. Dès que la porte est ouverte, il se rue sur lui en deux pas.

Une bousculade pousse le jeune normie dans le hall où Syd pénètre immédiatement à sa suite. Ça ressemble à une agression. Alors qu'il en prend conscience, il plaque sa main contre la bouche de Johannes, étouffant tout cri éventuel. Ses yeux de vampire sont injectés de sang tandis qu'il dévisage sa victime, sans une once de douceur. Syd ne s'est jamais embarrassé de politesse mais même lui se sent dépassé par sa propre brutalité, motivée par cette putain d'angoisse qui le bouffe. "Ferme ta gueule", qu'il lui souffle d'un ton péremptoire avant de se risquer à libérer les lèvres qu'il écrase sans ménagement. "Faut que j'te parle. On va aller chez toi, d'accord ?" On ne peut pas dire qu'il lui laisse vraiment le choix, même si ses mots ne sont que des murmures. Syd jette un œil méfiant par dessus son épaule avant de reculer pour permettre à sa victime de se dégager. Il sont seuls dans le hall de cet immeuble et heureusement, parce qu'il n'a aucune envie qu'on le voie en compagnie de ce tordu de nerd...
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(#) Sam 11 Mar - 16:17    Re: Falling With The Crowd



J'ai été regarder pour m'acheter un nouvel appareil photo dans la petite boutique de multimédias au centre-ville. Depuis que Bane me l'a cassé, je réfléchis à comment je peux faire pour continuer mon travail, avec les moyens que j'aies. J'ai assez d'éléments pour terminer un article sur les chupacabras, mais je suis toujours aussi dévasté d'avoir perdu ce que j'ai réussi à photographier dans la fosse de combat. Il y avait ces gens qui se battaient, qui avaient la peau couverte d'écailles, ou avec des blessures qui se refermaient tout de suite après. Je ne peux même pas imaginer ce qui se passerait si la science parvenait à prélever quelque chose de ces êtres surnaturelles pour en faire profiter l'être humain. Je veux pas en venir à un stade où mes textes ce sont des notices pour apprendre à dépecer des personnes. Non, si j'en viens là, autant que quelqu'un me mette la corde autour du cou. Moi, ce que je veux, c'est juste apprendre à les connaître. Me rapprocher d'eux. Savoir qui ils sont, et conforter les gens qu'on peut tous vivre ensemble. Je vois Maverick qui ne s'en sort pas avec sa condition de loup-garou, il refuse qu'on l'approche, qu'on lui parle. Je l'ai connu à l'école, et aujourd'hui, je ne sais pas ce qu'il devient. C'était quelqu'un d'ouvert d'esprit, rigolo, qui parlait beaucoup. Mais quand il a blessé mortellement un normie par accident, tout a basculé.

Finalement, je suis revenu avec un petit appareil photo jetable. C'est pas grand-chose, mais j'ai plus assez d'argent pour me payer plus. Ce sera déjà mieux que rien, surtout si je veux continuer à pouvoir photographer des choses. Je pourrais dessiner ce que je vois, mais les gens préfèrent le sensationnel, l'image. J'essaye de trouver un juste milieu. Bon, bah je peux rentrer à la maison maintenant ? La nuit vient de tomber et il pleut comme pas possible. Je referme bien les boutons de mon manteau, avant d'enfourcher mon vélo. J'ai pas arrêté d'en changer ça aussi, entre celui que Bane a détruit (encore...), et une fois quand je l'ai retrouvé les pneus crevés, sans savoir qui avait fait ça. J'ai pas de chances avec mes affaires. Mais bon, pas grave, mieux vaut le vélo que moi ! Hahaha !... Non vraiment, il pleut fort, il faut que je me dépêche de rentrer. J'ai un plat de lasagnes bien chaud qui m'attend à la maison... Hop, je grimpe sur mon bolide, vérifie que ma sacoche est bien refermée, et puis roule ma poule !

C'est pas très loin, quinze minutes à pédaler. Je descends, me rapproche des marches de l'immeuble. Toujours une galère de monter le vélo, avec la porte super lourde qui se referme toute seule sans arrêt. J'attrape mes clés pour déverrouiller et amener le deux-roues à l'intérieur, en même temps. On est trempés. Mais on est enfin au sec maintenant. Reste plus qu'à monter tout ça. J'ai demandé au propriétaire un espace pour ranger mon vélo, une fois, mais il m'a gentiment fait comprendre que je pourrai aller me faire voir.

- Pouaaaaah...

Je soupire, fatigué. Je me remets tout juste de ma blessure à la côte. Le docteur m'avait bien dit que je devais éviter de faire des activités trop intenses, parce que sinon j'allais m'essouffler pour rien, et que ça pouvait être dangereux. Comme d'habitude, je n'ai rien écouté. Et je n'écoute pas non plus qu'il se passe quelque chose derrière moi au moment où je pose le pied sur la première marche de l'escalier.

J'écarquille les yeux.
Vous voyez, quand vous avez vu un fantôme ? Ou une mort imminente arriver ? Ça fait un peu ça.
Qu'est-ce que.
Hein ?

- Hmmm !

Je le connais ? C'est... Attends...
... Non, non non non... Syd.......?
Qu'est-ce qu'il fait là... Pourquoi il... Ses yeux. Ses yeux tous rouges...

- HMMMM !

Il me bâillonne avec sa main ! Je flippe, incapable de bouger. Il me colle au mur... Qu'est-ce qui se passe !
Faut que j'te parle.
... Hein ? Pourquoi est-ce qu'il aurait à me parler ?
On se connaît de la faculté, lui et moi. Il n'a jamais pu m'encadrer. What !!! HELP !
J'ai la respiration qui accélère brutalement, le cœur qui frappe contre ma côte fêlée !
Même une fois la bouche libérée, je suis encore paralysé sous le choc. Pourquoi Syd est là ? C'est vraiment lui ?... Non, personne d'autre ne ressemble à Syd. Personne.

- Syd.................?

Je murmure aussi bas que lui.
Il a l'air... préoccupé. Je ne sais pas comment expliquer. Mais il y a quelque chose qui... le dérange. Il y a moi, mais même à l'école, il n'avait pas cette expression-là. Il y avait la colère. Maintenant, j'ai l'impression que... Il y a autre chose.

- Tu... eum... vas bien ?

Je me rappelle qu'il a dit qu'on allait chez moi. Chez moi c'est en haut des escaliers, au fond du couloir. Comment il sait que j'habite ici d'abord ? Il m'a suivi ? Il a été chercher mon adresse sur internet ? Dans un bottin en ville ? Comme Marty McFly dans Retour vers le futur ?

- Je... Tu m'as flanqué une de ces frousses... Tu pouvais juste sonner, tu sais ? Euh... Pardon. J'ai mon vélo, il faut que je... Je dois le monter. Tu... Tu peux y aller, c'est en haut, la 84. J'arrive.

À moins qu'il me force à passer avant lui, pour être sûr que je ne m'enfuie pas.
J'attrape le guidon de mon vélo, et le support de la selle, pour porter tout ça, marche par marche. C'est laborieux. J'ai le corps d'un cure-dent, moi. Mais bon. Heureusement que je roule plus vite que je ne porte.
Je n'ose pas trop regarder derrière moi. Ni devant. Je regarde... mes pieds. J'ai des flashbacks qui me reviennent, un petit peu. Syd dans les couloirs de l'école. Sa façon qu'il a toujours eu de me toiser. De détester mes pancartes et de taguer par-dessus. Qu'est-ce qu'il peut bien avoir à me dire...? Je réfléchis. Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Est-ce qu'il a vu un de mes articles et ça l'a encore plus mis en colère ? Est-ce que... Est-ce qu'il était là, dans la fosse de combat, au milieu de la foule, quand j'y ai pris des photos ?... Oh mon dieu, seigneur... Qu'est-ce qui va se passer une fois que je serai devant chez moi ? Je vais...

- On y est ! Attends, j'ouvre...

Clé dans la serrure, j'entends jusqu'au moindre petit bruit de ferraille à l'intérieur du mécanisme, porte qui s'ouvre sur mon chez moi. Mon petit nid douillet. Je fais passer le vélo, que je pose contre le mur. Et puis je retire mon bonnet trempé, avant de faire pareil avec mon manteau. J'allume la lumière. Monsieur Moustache arrive se frotter à mes jambes, en ronronnant. Je lui gratte entre les oreilles. Dans la fenêtre au fond, à côté de mon bureau, j'aperçois la silhouette de Syd juste derrière moi. Pendant un bref instant, j'ai l'impression de voir autre chose qu'une forme humaine.

- Tu... Tu veux un jus d'orange ?

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(#) Lun 13 Mar - 18:39    Re: Falling With The Crowd

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Le gringalet a la trouille, ça suinte hors de lui par tous ses pores. Syd a l'habitude de terroriser ce mec mais cette fois c'est différent. C'est comme s'il pouvait saisir les moindres nuances de sa peur, au travers de son odeur mais aussi dans la cadence de ses battements cardiaques. La sensation est déconcertante et il le relâche dans une moue presque dégoûtée. Il n'a pas envie de répondre à son petit charabia qu'il n'écoute que d'une oreille, trop occupé à se demander ce qu'il fout là, dans le hall de cet immeuble, en compagnie d'un nerd et de son fichu bexon. Tandis qu'il le dévisage, d'un air lugubre, Syd envisage de faire volte face et de foutre le camp, sans un mot. Tout ça n'a aucun sens.  Il se motive néanmoins à aller jusqu'au bout, conscient que Johannes est le seul à pouvoir répondre à ses questions. "Passe devant, j'te suis." Il parle d'une voix sans timbre, comme si cette vision était la chose la plus désespérante qu'il ait jamais vu de sa vie : ce mec avec sa tête de chat mouillé et son vélo dans les bras.

La montée des marches est longue et pénible. Pas un instant Syd ne songe à lui filer un coup de main, trop enfermé dans ses pensées. C'est vrai que Johan aurait pu protester ou refuser de le laisser monter chez lui. Or, Syd n'a même pas eu à insister, tant il fait preuve de bonne volonté pour lui montrer le chemin de son appartement. C'est pathétique et un peu malaisant. Mais Syd ne va pas s'excuser d'avoir négligé la sonnette pour autant. Merde. Patiemment, il le regarde ouvrir la porte et pénètre à sa suite dans la petite pièce. C'est pas le grand luxe, il le pensait plus riche que ça.

"Hm ?" La question décalée l'arrache à son mutisme. Ça fait des mois qu'il le brutalise et l'autre, il lui propose un jus de fruit ? C'est délirant. "Non, ça ira." Son regard blasé effleure la déco des lieux avant de s'arrêter sur un chat. Ce dernier se frotte aux jambes de son maître et Syd esquisse une légère grimace. Ça tombe mal, il est allergique à ces bêtes là. Nerveusement, il s'essuie le visage de la main, gardant sa propre veste humide de pluie sur son dos. Ses bottes sales laissent des traces boueuses sur le sol, pendant qu'il s'avance dans la pièce qu'il inspecte d'un regard méfiant. Contre le carreau, son reflet se détache entre les traînées humides et il détourne aussitôt le regard. Dehors, il pleut toujours, c'est une ambiance triste à se tirer une balle, ce soir.

"Tout compte fait, ouais, aboule le jus. Et détends toi, j'suis pas venu pour te suspendre par le slip. " Il l'a bien menacé de le faire, l'autre jour, et ça aurait sans doute été poilant, mais... "J'ai besoin d'info sur les outcasts, et du coup, j'ai pensé à toi. Pas la peine de me servir tes discours sur la mixité ou d'autres conneries hein ! J'ai besoin de savoir des trucs, genre... si un mec buvait le sang d'un monstre, ça lui ferait quoi ?" Sa voix reste calme, mesurée. Il tente de maîtriser cette faim contre nature qui le dévore et s'exprime dans ses yeux, rougis de fatigue et de stress. Il est prêt à boire n'importe quoi pour essayer d'oublier cette sensation atroce qu'il n'ose pas qualifier, incapable de prononcer ce mot, même en pensée. Le sang. Ça fait longtemps qu'il ne s'est plus rapproché aussi près d'un être vivant et quand il a plaqué Johan contre le mur, il s'est effrayé de sa propre brutalité. Non pas qu'elle soit nouvelle chez lui, surtout pas vis à vis de ce pauvre type, mais il n'a jamais fait dans la violence gratuite. C'est pas son genre. Néanmoins, cette veine palpitante contre son cou lui a paru bien trop appétissante.
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(#) Mar 14 Mar - 17:15    Re: Falling With The Crowd



Il y a le silence et le malaise.
Et il y a les deux réunis en même temps.
C'est encore pire que ça arrive dans un lieu qui est censé être chez moi.
Monsieur Moustache... Je suis désolé de t'infliger ça. En fait, c'est pas moi ! Moi, j'étais en bas, j'allais monter les escaliers avec le vélo !... Et puis il y a eu cette bousculade, il y a eu ce poids dans mon dos, puis cette pression sur ma bouche. Ce regard de plomb qui m'est tombé dessus comme une chute de pierres. Ça, ces yeux-là, je ne les avais plus vus depuis longtemps. Ça se compte en mois, j'ai terminé mes études l'année passée à peine. Après, je n'ai plus jamais eu de nouvelles de lui. De Syd. Non pas qu'on avait l'habitude de se parler. Bien au contraire.

Je me fais tout petit quand il me dit non. Pour le jus d'orange. Bon... Je fais quoi. Monsieur Moustache fait le dos rond, il feule, marche lentement en crabe vers son panier près du radiateur. Lui non plus, il n'a pas l'air d'être à l'aise. J'ai... J'ai envie d'allumer la télé, pour dire de remplir le silence avec un peu de bruit. Je fais ça dès que je me sens un peu angoissé.
Où suis-je... Où vais-je... Pourquoi j'ai l'impression de ne plus être chez moi ? Que chaque pièce de l'appartement pourrait me tendre un piège si j'y mets le pied. Je regarde dehors. L'envie d'ouvrir le carreau pour m'échapper tout de suite me démange mais je reste fort.
J'ai un article à terminer. Enfin, une ébauche sur les skinwalkers. C'est une race que je n'ai pas encore su approcher de très près, et à raison : difficile de différencier un vrai animal du skinwalker. Bref, c'est pas le sujet.

- Ah...

Finalement, le jus d'orange, il veut bien. J'étais en train de ranger mes affaires au porte-manteaux, et je le fais avec une lenteur telle, c'est comme si je faisais tout pour retarder le moment où je devrai le regarder droit dans les yeux.
Heureusement, je me souviens du chemin de la cuisine. Je longe le mur et rejoins le frigo. Le plat de lasagnes ne me paraît plus si appétissant maintenant, pour une raison que j'ignore. Mais bon. J'attrape la brique de jus, puis deux verres dans le placard au-dessus de l'évier. Je pose tout ça sur la table de la cuisine. Le bruit des verres posés devrait avoir attiré l'attention de Syd.
Syd... Syd...

- Et voilà.

J'ai servi jusqu'au trois quart du verre, pour nous deux.
En fait, je ne sais pas pourquoi j'ai proposé le jus d'orange, c'est pour le matin normalement. On est le soir. Pfff. Peu importe...
Je m'assieds, m'essuie le visage comme si l'eau de pluie qui y avait coulé me préoccupait. Non, je me cache juste. Je réfléchis. Pourquoi...? Est-ce qu'il va m'annoncer que ce soir je suis mort ? Boire un jus d'orange avec Syd. Pourquoi cette phrase est aussi improbable.
J'ai besoin d'infos sur les outcasts.
Hein ?
Et du coup, j'ai pensé à toi.
Qu'ouïe-je ? Qu'entends-je ?
Si un mec buvait le sang d'un monstre, ça lui ferait quoi ?

- Tu...

Respire Johannes ! RESPIRE !

- ... Est-ce que... Tu...

Je déglutis bruyamment. Tellement qu'il a du voir ma pomme d'Adam faire le yo-yo.
Est-ce que... je suis en train de comprendre ce qu'il veut me dire... Syd... Il...

- ... Tu veux me transformer en créature...?

Je le regarde très sérieusement. Les mains jointes devant mes lèvres, comme une prière adressée au Seigneur, pour que ce jour ne soit pas mon dernier.
Je ne connais pas bien Syd. Je suis incapable de dire s'il plaisante, s'il va exploser de rire dans les cinq prochaines secondes, ou s'il est cruellement sérieux. Je ne connais de lui qu'une violence sourde, muette et palpable. Je détestais savoir qu'il venait vers moi à la fac, parce que je savais que j'allais devoir passer la fin de la journée à l'infirmerie. Tout ce que je sais de lui, c'est qu'il a en horreur tout ce qui se rapporte de près ou de loin au champ lexical du surnaturel.
Alors pourquoi est-ce qu'il me demande des informations sur les outcasts ce soir ? C'est pour m'enterrer !!!

- ... Les résultats dépendent de quel monstre il s'agit. Si c'est un loup-garou, un vampire, une gorgone...

Je dois garder mon calme. Une petite gorgée de jus d'orange.

- Je ne suis pas certain pour toutes les races. Les effets les plus connus, c'est pour les vampires. Quelqu'un, un humain normal, comme toi ou moi, qui ingère leur sang, c'est la transformation assurée. Mais on parle d'une grande quantité, pas de quelques gouttes. Il faudrait suffisamment de sang pour que tout le système immunitaire humain soit envahi par le gène vampire. Si je peux dire ça comme ça.

Ouf... J'ai réussi à aller jusqu'au bout. Tranquille Johannes... RESPIRE...

- Pourquoi tu veux savoir ça...?

Le bruit de la pluie qui s'écrase contre la vitre ajoute quelque chose de sinistre à la situation. J'ose regarder Syd dans les yeux pendant une seconde, avant de me détourner. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'intuition qu'il va m'annoncer quelque chose de grave.

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(#) Mer 15 Mar - 21:28    Re: Falling With The Crowd

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Avec sa veste mouillée sur le dos, Syd se sent lourd, mais c'est sans doute le poids du désespoir. Il jette au matou un regard noir. Tant que ce poilu reste à bonne distance, il peut bien feuler tant qu'il veut, Syd s'en fout. Pourtant, une idée traverse soudain son crâne enfiévré ; les animaux perçoivent souvent des choses indétectables pour les humains, est-ce que ce comportement pourrait signifier quelque chose ? Un soupir anxieux le dépasse. Syd retourne son regard vers son hôte qui a disparu dans la pièce adjacente, plus furtif qu'un jeune souriceau, se fondant dans l'ombre des murs. On dirait presque qu'il est inquiet. Toujours aussi bizarre ce type. Et quoi, il va vraiment boire un jus de fruit dans la cuisine de ce dégénéré ? Faut croire que oui. C'est d'un mouvement un peu agacé qu'il se débarrasse de son cuir, le balançant tout trempé qu'il est sur le divan, avant de rejoindre le blond, en deux pas. L'appart n'est pas grand, ça pue le chat partout. Syd se frotte le nez. La réaction de Johannes dépasse tout ce qu'il avait pu prévoir. On dirait qu'il se pétrifie sur place au point d'oublier de respirer. Quand il bredouille, Syd garde le silence, s'imposant une patience qu'il ne possède clairement pas. Il sent l'agacement se muer peu à peu en énervement. Sa mâchoire se contracte. Une veine contre son front palpite. Pour le coup, il se sent désemparé devant ces dingueries. Dans quelle dimension, il voudrait transformer ce tordu en créature, mais what !

"Hein ? Putain, t'es vraiment con ou tu le fais exprès ?"

C'est pas une insulte, il se pose vraiment la question. La façon de penser de ce nerd le dépasse et sans doute vaut-il mieux renoncer à comprendre comment il en est venu à cette conclusion complètement foireuse. Syd préfère s'asseoir en face de lui et ramasser le verre qui lui est destiné, histoire de chasser ce goût d'amertume dans sa gorge. Une bonne lampée plus tard, il ne se sent toujours pas mieux. Sa langue claque contre son palais. Enfin, des informations sont balbutiées. Le front plissé, son regard s'accroche à celui du nerd, il avance son visage vers lui, les coudes sur la table entre eux. Si Johan s'étrangle avec son foutu jus d'orange, sans aller jusqu'au bout de ses explications, il lui foutra deux baffes pour la peine. Mais il poursuit, sans même renverser son verre, un exploit sans doute. Le bruit de la pluie meuble le silence un bref instant, pendant que Syd manipule son verre, histoire de s'occuper les mains. Troublé par ce qu'il vient d'entendre, il essaie de se remémorer ce qui s'est passé, cette nuit là. Sûr que l'outcast l'a forcé à boire une grande quantité de sang, il se souvient trop de cette saveur sirupeuse dans laquelle il s'est littéralement noyé. Le blond l'interrompt dans ses réflexions mais au lieu de le moucher comme il en a l'habitude, Syd recule contre le dossier de sa chaise. C'est à ce moment que leurs regards s'affrontent, le temps d'une infime seconde avant que le merdeux ne se dérobe.

"T'occupes." Vraiment, ça lui arracherait la gueule de lui avouer la vérité.  La honte lui colle au front. Il n'y arrive pas, c'est tout. Mais il ne va pas pour autant lui servir un mensonge, Syd n'est pas un mytho et ce serait sans doute encore plus pathétique. Alors, il enchaîne sur les questions qui fourmillent dans sa tête, offrant lui-même les réponses qu'il aimerait recevoir. "J'suis pas sûr de la nature du monstre en question mais mettons que ce soit bien un vampire. Si le mec qui a bu le sang tombe dans les vapes, c'est bon signe ou pas ? Genre un coma plutôt long... deux jours. Si on se fait dégueuler à ce moment là, c'est encore temps, y'a moyen que le poison n'ait pas envahi tout le système immunitaire. Possible de se sentir un peu bizarre après, mais ça veut rien dire, right ? " D'un geste ample, il siffle le reste de son verre d'un trait, la gorge abîmée par cette soif constante que rien ne parvient à étancher. Le verre vide claque sur la table tandis qu'une grimace plisse ses lèvres. "Sérieux, il est dégueu ton jus, Janeth. T'as rien d'autre ?" En vrai, c'est pas si horrible, c'est frais au moins, mais c'est loin d'être assez. Sur une impulsion nerveuse, il se redresse pour aller ouvrir la fenêtre la plus proche, sans prendre la peine de demander la permission au proprio des lieux. Lui tournant le dos, Syd respire un moment l'air humide, histoire de se rafraîchir les idées. C'est que ça carbure ferme dans son crâne et c'est pas des pensées rassurantes. Il peste à mi voix. "T'as vraiment cru que je voulais te transformer ? Tu me connais mal." Lui-même n'a jamais fait l'effort de comprendre son prénom, qu'il écorche volontairement. Janeth quoi. Un délire à lui tout seul.

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(#) Ven 17 Mar - 15:11    Re: Falling With The Crowd



Chaque petit mot, chaque petit souffle qu'il peut laisser partir, ça claque dans l'air, et ça me fait mal.
Je ne sais pas trop dire si c'est un souvenir du trauma qu'il m'a laissé à la fac. C'est vrai que c'était pas mal. Il était mon loup quand moi j'étais le chaperon rouge. Je pouvais me promener comme je voulais dans les couloirs ; si j'entendais le bruit de ses pas, c'était fini.
Il y a toujours un peu de ça. Là, dans son regard. Même si j'ose à peine le croiser des yeux, je le vois dans le reflet de la vitre au milieu des gouttelettes. J'ai l'impression qu'un orage peut craquer à tout moment dehors. Heureusement que Monsieur Moustache est rentré...
Syd boit.
Il boit vraiment.
Euh... Non... C'est pas exceptionnel, boire, mais je veux dire qu'il... Est-ce qu'il est venu pour me faire quelque chose ou juste pour discuter ? Pourquoi il vient chez moi exprès pour parler ? C'est le dernier move que j'aurais pu attendre de sa part. Qu'est-ce qui se passe ? Je suis en train de rêver ? Faut que je me calme. Que je reste concentré sur mes explications... Tranquille, Jojo... Souffle, respire un bon coup... Bois un peu de jus... Oh, je savais pas que ce coin-là de la table était abimé...
Le "t'occupes" il me vrille cerveau. Je me redresse aussitôt, genre, contraction dans les muscles. Je le regarde jouer avec son verre, avec une sorte de peur que celui-ci puisse exploser entre les mains de Syd, et que je me prenne un shrapnel dans la peau. D'habitude, je suis pas aussi nerveux, enfin, jamais comme ça. Même avec Bane, je pense que je me contrôle. Mais Bane, il a pas la même colère que Syd. Bane c'est plus franc. Syd, ça a toujours été une brûlure lente et agonisante. C'est peut-être ça qui m'effraye autant. De ne pas savoir à quel moment je vais le voir s'embraser.

- S'il tombe dans les vapes, c'est que la transformation est en train de se produire. Elle se fait entre vingt-quatre et quarante-huit heures, et on sait que pendant cette période, la personne mordue est dans un état de presque mort. Son système ingère le gène vampire.

Là, c'est le moment où je trouve un élan de puissance dans mes chevilles pour bondir de ma chaise et aller fouiller ma bibliothèque. C'est là que je range toutes mes archives, mes recherches, mes brochures, mes n'importe quoi que je finis tôt ou tard par rassembler dans un article.
Monsieur Moustache a levé sa petite tête vers moi en me voyant débouler au salon, à feuilleter mes quinze milles dossiers alignés les uns à côtés des autres, avec mon sérieux de scientifique.

- Sasquatchs, Shapeshifters, Sirènes... Vampires.

Je tire le document. L'espace laissé derrière se referme quasi instant par le poids des autres dossiers.

- ... Oui, c'est ça. Entre un et deux jours. Le pouls est très lent, la personne est inanimée. Une mort quasi clinique.

Les yeux baissés sur les lignes, je survole les mots du bout de l'index. J'ai noté et surligné tellement de trucs, j'ai parfois du mal à m'y retrouver.
Bon, retour à la cuisine.

- Du coup, je dirais que c'est mauvais signe pour la personne mordue. Le temps qu'elle soit inconsciente, elle ne peut rien faire. Le sang de vampire envahit tout son système et la transforme peu à peu. D'ailleurs, un vomissement ne servirait pas à grand-chose, de ce que j'ai écrit. C'est même un peu dangereux de faire ça, ça a tendance à allonger le temps que prend la mutation en vampire. Pas recommandé, sauf si on veut souffrir plus longtemps...

Je redresse la tête vers Syd. Il me fixe avec un air grave, mais grave... On dirait qu'il va encore m'insulter. Je me prépare au pire. Des notes, des carnets, il m'en a déjà flingué je ne sais pas combien. J'espère que... Mince. Il m'a vu fouiller ma bibliothèque...

- Mon jus ? Ah... Euh.

Il parle du jus d'orange. Je fronce des sourcils, à réfléchir aussi vite que je peux.
Janeth.
C'est le surnom qu'il me donnait, et comme ça que tous pensent que je m'appelle. Même moi, j'ai eu du mal à l'écrire quand j'étais petit, mon prénom. Jojo, c'était plus simple. Mais quelque chose me dit que Syd ne m'appellera jamais Jojo.

- J'ai de l'eau ? Ou du Pepsi Cola. Du pastis, aussi.

Pour les grandes occasions.

- Tu veux que je te serve quoi ?

Il s'est levé pour aller vers la fenêtre et l'ouvrir. Un vent frais s'engouffre dans le salon et m'arrache un frisson. On entend la pluie comme si elle tombait du plafond. Monsieur Moustache a décampé en vitesse dans ma chambre. Je ne sais pas si c'est parce qu'il a le froid en horreur, ou bien parce qu'il a eu peur de l'arrivée de Syd.
Moi, je vais me poser contre le dos du canapé. Je sais toujours pas trop comment me mettre. C'est chez moi, mais... Tout a l'air différent avec Syd dans le décor. Non pas qu'il fasse tâche ou quoi. Mais... J'aurais sûrement pas imaginé lui ouvrir la porte un de ces jours.

- Je sais pas. C'est des questions spécifiques que tu poses. Comme si...

Est-ce que je vais vraiment oser le dire ?

- ... tu avais vu quelqu'un dans la situation que tu décris. Et que tu voulais savoir comment on... Comment ça se passe.

J'ai jamais vu de transformation de mes propres yeux. C'est pas quelque chose de si courant, même si ça semble facile d'avaler le sang d'un vampire. Ils ont bien plus de force et d'agilité que nous. En deux secondes, ils auraient pu transformer tous les normies de Jericho s'ils l'avaient voulu. Mais il y a une sorte d'accord tacite, de tabou qui fait que forcer un humain à la mutation, c'est mal vu. Plutôt une bonne chose, je me verrais mal avec les dents longues.
Syd est dos à moi. Je le détaille dans l'épaisseur de ses épaules carrées. Je me rappelle qu'il avait les cheveux plus long à l'époque, bouclés. Il a toujours été grand. Plus grand que moi.

- Est-ce que tu veux... rester pour le diner ? Il me reste des lasagnes.

Si c'est pas avec lui que je partage, ce sera avec Monsieur Moustache. Mais bon, tant qu'il s'est planqué dans ma chambre, autant profiter que la place soit libre.

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